Troisième évidence : le spectateur est encore et toujours un inconnu.
Nous sommes tous là, à courir comme des poulets sans tête, et à espérer que les spectateurs auront la curiosité de voir les films sur les plateformes, de payer pour les voir.
Et surtout, qu'ils reviendront dans les salles ensuite.
Et on n'en sait toujours rien.
On en est encore à voir les spectateurs comme des catégories socio-professionnelles, des tranches d'âge, des profils.
Partout ailleurs (je dis bien partout!), le marketing se fait par niches, par segmentation, par parcours client. Des termes barbares bien sûr, mais qui recouvrent une réalité qui l'est beaucoup moins : il n'y a pas de marchés, il n'y a pas de comportement standard.
Il n'y a qu'une extraordinaire complexité, où chaque individu est une multitude de choses à la fois, et qui fonctionne par sentiment d'appartenance (de sentiment, pas forcément d'appartenance réelle). Qui plus est, ces appartenances sont fluctuantes dans le temps. On peut être fan absolu de quelque-chose pendant un moment de sa vie et ne plus l'être quelques années plus tard. Notre seul point d'accroche, c'est ce sentiment d'appartenance à une communauté.
Tout ça, le cinéma le raconte tout le temps. Tout ça, l'industrie du cinéma s'en soucie comme d'une guigne.
Il sera grand temps, au moment de la reprise, de comprendre ses spectateurs.
Individuellement.
Si, bien sûr, les choses reprennent leur cours plus ou moins normal ...